L'Histoire de Pascale Odièvre

Pascale Berthe est née le 23 mars 1965 dans une maternité du XIVe à Paris. Le 24  mai de cette même année, sa mère signe une lettre d’abandon avec demande de secret sous le nom de « Berthe ». Le 18 juin, Pascale est immaculée pupille de l’Etat sous le numéro : 280.346.

A l’âge de 6 mois, elle quitte sa pouponnière, il s’agit d’une nouvelle séparation, un nouveau déchirement. De la, découle la question « une pouponnière peut-elle répondre aux besoins psychiatriques de l’enfant ? Elle est alors placée dans une famille d’accueil à la campagne. Pascale est alors adoptée à l’âge de 2 ans et demi, par la famille Odièvre. De ce fait elle change de nom à 4 ans, puis elle perd sa filiation avec ses parents biologiques.

Jean-Marie Delassus, philosophe, médecin et écrivain dit un enfant est « victime d’une maltraitance sournoise, cruelle et définitive : on lui aura changé son origine, il n’aura plus de racines naturelle, il sera devenu comme un produit  manufacturé offert à l’échange des biens de consommation ». L’enfant est ici considéré comme un objet d’usage et non plus un être humain.

Lors de son adoption, Pascale a seulement a été adoptée par son père, sa mère n’était pas maternante. Elle était stérile et ne désirait pas d’enfant jusqu’au jour où elle est tombée enceinte naturellement. Avant ce jour, elle avait peur d’avoir un enfant jusqu’à la naissance de Marie-Laure, sa sœur. L’adoption a donc eu lieu, car la mère a été « forcée » par son mari.

Sa mère adoptive la différenciait de sa sœur au contraire de son père adoptif. Son enfance avec sa sœur se passait très bien, malgré une mère surprotectrice versa l’égard de sa sœur, même son propre père avait du mal à s’en occuper.

Lorsqu’elle était adolescente, Pascale était une jeune fille fragile et très d’angoissée, éprouvant un mal-être en permanent. Elle se demandait sans cesse qui était sa mère biologique et à quoi pouvait-elle ressembler.

Déjà à cet âge, elle vivait la nuit.

Pascale fuyait beaucoup les maternités car il s’agit d’un lieu qui lui rappelait sans cesse son histoire.

Pascale a du mal à rentrer en contact avec les autres à cause de son « trou identitaire ». Sa famille adoptive a engendré ce qu’elle est devenue, en plus de sa naissance sous X.

Pascale a effectué des recherches pour tenter de retrouver sa mère mais en vain, le CNAOP lui a signalé que sa mère n’a pas autorisé la levé du secret. De ce fait, elle n’a donc pas pu obtenir ni le nom de sa mère biologique, ni les noms de ses frères nés sous X également.

A  25 ans, Pascale se rend à la Ddass, où elle découvre l’existence d’un frère aîné. Pascale a rencontré Didier Mendelsohn en 1997, après que son psychologue Didier Pons lui ait conseillé. Didier Mendelsohn lui a proposé de faire un procès. Le 26 janvier 1998, Didier Mendelsohn dépose une requête auprès du tribunal de grande instance de Paris. Le 2 février Pascale et Didier reçoivent une lettre de rejet du tribunal. A la suite cela, le 26 juin, Pascale dépose une requête devant la Cedh, qui sera examinée le 16 mai 2000 et elle adressera des questions aux deux parties concernées.

Le 17 janvier 2001, Ségolène Royale présente au Conseil des ministres, un projet de loi relatif aux origines personnelles et propose de créée le CNAOP.

Le 16 octobre 2001, la première audience du procès à lieu à Strasbourg, car il s’agit de la ville représentant  l’Union Européenne. Le 4 décembre, la Cedh déclare la requête de Pascale recevable.  Le 13 Janvier 2003 rend sa décision.

Le 13 février 2003 l’arrêt en audience publique est prononcée. « Par dix voix contre sept, il n’y a pas eu violation de l’article 8 de la Convention, par dix voix contre 7, il n’y a pas eu violation de l’article 14 de la convention combiné avec l’article 8 ».  L’article 8 représente « le droit au respect de la vie privée et familiale » et l’article 14 représente « l’interdiction de la discrimination entre frères et sœurs ». Pascale et Didier Mendelsohn ont alors perdu leur procès. A la suite de cette réponse, elle se dit « déçue mais pas effondrée ».

Par la suite, Pascale adresse une demande au CNAOP le 18 mars 2003, 3 mois plus tard, Pascale apprend que sa mère n’autorise pas la levée du secret. Enfin le 24 juillet de cette même année, un décret prévoit la liste des éléments identifiants recueillis et déposés sous plis fermé au CNAOP.

Malgré le procès perdu l’histoire de Pascale sera publiée dans un livre sous le titre De mère inconnue, Pascale Odièvre, ou le combat des enfants nés sous x, de Didier Mendelsohn et Isabelle Marchand. Ce livre lui permet de laisser une trace de son histoire et se s’exprimer publiquement car c’est elle qui a eu l’idée de rédiger ce livre. Il a également permis de décrire les phases du procès, puisqu’en France il y a pas ou très peu de procès sur la naissance sous X.

Mais la nommé publiquement n’as pas changé sa vie. Sa mère n’a pas tenté de la contacter.

Aujourd’hui, le père biologique de Pascale est mort, il était le patron de sa mère et il menait une double vie en Espagne. Sa sœur, Marie-Laure a sept enfants que Pascale ne peut pas voir car une distance s’est installée au fur et à mesure des années, et surtout à cause de sa mère adoptive qui est surprotectrice. Sa mère naturelle ne veut toujours pas connaître sa fille.

Il est important de rappeler, que Pascale est une femme détruite par ses deux histoires, d’une part la naissance sous X qui est lourde et la prive des ses origines. Et d’autre part, par son adoption qui n’est pas entièrement réussie.