Le rendez-vous avec Didier Mendelsohn

Jeudi 16 janvier à 13 heures, nous avons eu rendez-vous chez Didier Mendelsohn dans le 7ème arrondissement de Paris.

Didier Mendelson est l’avocat de Pascale, il l’a emmenée jusqu’au procès à Strasbourg.

Il commence l’entretien en nous expliquant qu’il s’agissait d’une affaire difficile et inédite dans les années 90. Il avait une très bonne relation avec Pascale, ils sont toujours en contact à ce jour.

Dans ce procès il y avait deux notions en  droit qui se confrontaient, le droit à l’anonymat mais également le droit aux origines.

Mais le problème des pères se pose également, ont-ils leur mot à dire ? Sont-ils égaux aux mères ?

Cette affaire a duré 3 ans dans son intégralité.

L’écriture de ce livre permettait de laisser un témoignage.

Actuellement, on constate que beaucoup de mères regrettent leur acte, et cherchent à retrouver leur enfant, par le biais d’associations telle que « Les Mères de l’ombre » ou « Paris adoption », ou bien sur des groupes facebook, où elles publient toutes les informations qu’elles possèdent pour faire en sorte que leur enfant se reconnaisse et pouvoir établir un contact par la suite.  Mais il est juridiquement impossible de retrouver son enfant sans passer par les organisations spécialisées dans ces recherches.

Il y a par ailleurs, la position des pères.  Les juges peuvent accepter de reconnaître la paternité mais l’adoption ne sera pas remise en cause. Sauf si l’adoption a été réalisée dans des conditions particulières. Par exemple, si l’enfant a été adopté avant le délai des 2 mois et si quelqu’un se manifeste, l’adoption est alors annulée, dans ce cas le père récupère la garde de son enfant. L’adoption est également annulée si il y a une maltraitance à l’égard de l’enfant.

Didier Mendelson nous dit que « la parentalité résulte plus de la volonté ou du désir d’être parent que de la biologie ? » ou « peut-on considérer que la parentalité résulte d’un désir d’adoption ? ».

Dans cette situation de naissance sous X, l’enfant est « victime » d’un certain système. Il se sent étranger à ses parents.

Auparavant,  lorsqu’une femme mariée accouchait, le mari était forcement le père de l’enfant. De ce fait, 30% des enfants avaient leurs origines cachées Il n’y avait pas recherche de paternité possible contrairement à aujourd’hui.

L’accouchement sous X est une situation à l’origine de beaucoup de questions mais il ne nous permet pas de trouver une réponse universelle, en effet chaque situation est singulière. Il y a cependant quelques réponses qui peuvent être douloureuses et angoissantes, et qui  conduisent à des comportements violents chez l’enfant issu de la naissance sous X.

En France, il y peu ou pas de procès sur la naissance sous X mais beaucoup plus sur la recherche  de paternité.

La loi permet, pour la mère et l’enfant de faire reconnaître la paternité.

Les enfants nés grâce à des mères porteuses, de donneurs de sperme ont les mêmes problèmes que les enfants nés sous X.

La naissance sous X selon Didier Mendelson possède des avantages et inconvénients pour ceux qui en bénéficient dans le cadre d’adoption. Un des avantages, permet à des couples stériles d’adopter dans une sécurité maximale. Les deux principaux inconvénients de l’adoption sont les problèmes de non ressemblances physiques et caractérielles entre la famille adoptive et l’enfant adopté. Sur le plan éthique, on pourrait considérer que l’enfant devient un « objet » que l’on s’approprie.

 

Nous avons posé quelques questions Didier Mendelson

  • La parution du  livre a-t-il causé des problèmes politiques ?

« Il n’y a eu aucun problème car j’étais là » nous répond t-il.

  • Comment une femme peut abandonner son enfant sans avoir à faire face ensuite à des problèmes psychologiques ?

« C’est pour cette raison qu’il y a des suivis psychologiques. Une fois l’accouchement effectué, certaines femmes en se réveillant le lendemain, regrettent déjà leur décision, elles font alors immédiatement l’objet d’une surveillance psychologique » nous dit-il

  • Pour vous que représentent les boîtes à bébé ?

Selon Didier Mendelson, il s’agit d’un système précaire, peu sécurisé, il représente une source plus importante de mort que de vie.

  • Que pensez-vous de la naissance sous X ?

A cette question, il nous répond que « face au désarroi et au désespoir, la naissance sous X est la moins mauvaise des réponses. On ne peut pas obliger une femme à élever un enfant qu’elle ne souhaite pas. L’avortement est également un des actes les moins mauvais. Mais ces deux actes ne sont pas forcément excellents, ils ne gomment pas la souffrance de l’enfant qui ne connaît pas ses parents.

Didier Mendelsohn nous rappelle qu’une identité fabriquée n’a pas la même valeur qu’une identité naturelle.