Le rendez-vous avec Didier Pons
Didier Pons est un psychiatre, il a suivi Pascale Odièvre lorsqu’il s’occupait encore des adultes.
Nous avons eu rendez-vous, le 12 janvier 2015, dans son cabinet dans le 11ème arrondissement de Paris, au 80 rue de la Roquette. Le dialogue s’est instinctivement installé, il ne s’agissait pas d’un rendez-vous ennuyant, il y avait un « échange de connaissances » nous disait-il.
Selon Didier Pons, la naissance sous X « fracasse pour la vie ». C’est lui qui a transmis le cas de Pascale à Didier Mendelsohn en lui confiant « tu auras la renommée ». Cette affaire exceptionnellement confiée à la justice, sera une première.
Il nous dit que Pascale avait subit de nombreuses hospitalisations, elle se posait beaucoup de questions sur ses origines, qu’elle a comme un « vide ». « Tout fini dans ce trou des origines ». Il nous confie également qu’elle s’auto-mutilait et se scarifiait, car dès qu’elle saignait elle était moins angoissée. Il s’agit d’une femme qui vit la nuit, car elle ne peut être identifiée. Il parle « d’imputabilité de la Naissance sous X » et de « culpabilité inconsciente d’être née dans ces conditions ».
Il nous explique que la grossesse est une étape psychique de la Naissance. Il a pris l’exemple de la mère adoptive de Pascale Odièvre qui ne pouvait pas avoir d’enfant, une fois Pascale adoptée elle est tombée enceinte. Ceci est une preuve, malgré le fait que les scientifiques lui aient dit qu’il lui serait impossible de tomber enceinte, lorsqu’elle a arrêté d’y penser, elle y est parvenue.
Nous avons également abordé le sujet de la mère porteuse, il s’agit d’une femme qui loue son utérus à une famille. Pons définit le rôle de la mère porteuse comme un travail qui est très bien surveillé et encadré. Il nous parle également du deuil des mères porteuses, en effet ces femmes s’attachent à l’être vivant qui née en elle.
Pour Pons « la science n’a pas de limites », avec un « marché de l’enfant » très important, grâce à la banque d’enfants, les utérus artificiels.
Didier Pons, défend la posture de l’être et des origines, « Qu’est-ce qu’enfanter ? » nous demande-t-il, puis nous répond « il s’agit d’un produit de vente ». Il s’agit donc d’un commerce et d’un échange. Selon lui, la naissance est un « fondement de la société ».
Nous lui avons posé quelques questions.
- « Que pensez-vous de la naissance sous X ? »
Il nous a répondu « qu’elle a été établie par défaut, elle reconnait la naissance de quelqu’un qui ne veut pas le faire ».
- « Pourquoi certain parents adoptifs ne veulent pas avouer à leur enfant qu’il est né « sous X ? »
Il n’a pas réellement répondu à cette question
Il dit qu’il s’agit d’une situation compliquée pour eux, peut-être que les parents adoptent car ils ne peuvent pas avoir d’enfants. Il nous dit que dans la situation de la naissance sous X, il y a une « part d’inconnu » supplémentaire, il s’agit d’un sujet tabou, mais Pascale Odièvre va le lever en écrivant son livre avec Didier Mendelsohn. Sa réponse est accompagnée d’une citation de Freud « la guérison viendra de surcroît » il nous explique que pour guérir, se marier, ou avoir un enfant, il faut dépasser l’étape du psychique.
- « Selon vous quelles peuvent être les causes de cet abandon ? »
Il nous répond qu’il n’y a pas une raison en générale, on ne peut pas généraliser cette décision, les raisons sont donc plurifactorielles.
- « Est-ce que Pascale Odièvre a-t-elle chercher à voir sa mère biologique? »
Pascale a essayé à plusieurs reprises de voir sa mère pour obtenir le nom d’un de ses frères. Mais sa mère biologique ne veut pas la voir et la rejette perpétuellement, lui disant même qu’elle ne veut pas d’elle.
- « Pourquoi dit-on né « sous X » ? »
Cette appellation a été choisie puisque les enfants sont nés sans origines, mais également car X représente l’anonyme. Didier Pons prend de nouveau l’exemple des mères porteuses, qui laissent des informations sur les origines, à la naissance de l’enfant ainsi que lors de la phase d’adoption.
Didier Pons nous dit que la parentalité est une illusion tout comme la société. « La vie se créée tous les jours » nous dit-il, ainsi qu’il vaut mieux vivre dans une société aimante que haineuse. Nous avons également abordé le sujet des frères Kouachi, auteurs de l’attentat contre Charlie Heddo, le 11 janvier 2015. Ils sont un exemple de perdition car issus de la Ddass, qui selon lui, sont des jeunes perdus, qui vivent dans une seule entité en totale déconnexion avec la société et ses lois. « Chaque jour est une création » dit la Génèse, il nous explique que ce qui fait cette création est le fait qu’on existe comme êtres humains et que des interactions se produisent, l’échange entre deux personnes, ou par exemple nous avec notre TPE, nous créons un partage.
Il nous fait comprendre que la connaissance des origines sont indispensables à la vie d’une personne, elle permet de la comprendre et de l’ancrer à une réalité.
Avant de terminer l’entretien, Didier Pons ajoute « on n’est pas égaux, on nous en donne la croyance, ce qui n’est pas mauvais ».